Monsters [PV] || Echo & Lennon

We are Monsters ♥



Elle se sentait fatiguée depuis qu'elle se trouvait sur cette île. Elle n'avait quitté son mobil'home qu'à de rares occasions. Elle ne connaissait rien de ce nouveau pays, cette nouvelle maison qu'elle s'était choisie. Elle ne l'aimait pas. Elle avait été folle de croire qu'elle se sentirait mieux ici qu'à Wimbledon. L'Angleterre ne lui manquait pas, certes. Ses parents ne lui manquaient pas certes. Mais elle se sentait toujours aussi seule. Les nouveaux visages qui l'entouraient étaient toujours aussi implorants, moqueurs ou effrayants. Elle ne parlait pas aux gens, et eux non plus ne lui parler pas. Elle restait toujours dans l'ombre, dans le froid d'une solitude qu'elle appréciait malgré tout. Qui avait besoin d'être aimé, apprécié, entouré de gens formidable et beaux. Des gens qui savent sourire et rire. Elle, elle n'avait jamais appris à parler aux autres, elle ne savait pas rire et ses sourires semblaient toujours tristes. Ses yeux n'ouvraient pas sur son âme mais sur une profonde tristesse. Le bleu de ses pupilles s'était éteint avec le temps, et aujourd'hui il était terne et moche. Comme elle. Après tout qui pourrait bien avoir le désir de parler à une demoiselle telle qu'elle. Elle qui n'avait rien à apporter aux gens. Elle qui ne s'aimait pas elle-même. Elle était mal dans sa peau, elle était mal dans sa vie et ne désirait que disparaitre. Elle voulait laisser sa place à Alice. Alice, douce Alice, emporte-moi vers le néant je t'en pris ! pensait-elle alors en espérant disparaitre pour laisser place à son double.

Elle ne connaissait pas Alice, elle ne lui avait jamais parlé, elle ne l'avait jamais vue, elle ne savait pas ce qu'elle faisait, ce qu'était sa vie. Mais Alice était sa seule amie, la seule à réussir à rendre sa vie plus supportable. Pourtant elle était dégoûtée à l'idée qu'Alice utilisa son corps pour vivre. Il lui semblait qu'Alice était la lumière d'une existence pleine d'excitation et de beauté, et elle, Echo n'était rien d'autre que l'ombre, les ténèbres d'une vie empli de vide. Elle aurait aimé être Alice. Cela aurait été tellement plus simple, plus beau. Peut-être serait-elle aimée. Peut-être aurait-elle déjà embrassé quelqu'un ou fait l'amour. Mais tout cela restait un mystère pour elle, bien que son corps ne soit plus celui d'une vierge. Il était si désarment d'être une étrangère dans son propre corps. Parfois Echo avait l'impression que sa vie était faite de sursis. Qu'elle ne vivait que parce que Alice le voulait bien. Elles étaient deux dans ce corps, elle le savait, son docteur le lui avait dit, et pourtant elle ne se faisait toujours pas à cette idée. Est-ce que Alice savait qu'elle existait ? Alice, j'ai peur. Entends-tu ? Si peur d'être aussi éphémère que le temps, aussi volatile que le temps ou aussi invisible que l'air. J'ai bien souvent l'impression de n'exister qu'à travers toi. Elle pleurait.

Elle s'était levée ce matin-là avec l'espoir de vivre enfin. Cela faisait une semaine qu'elle se trouvait dans les îles Galapagos, et elle ne connaissait qu'un petit restaurant au centre de l'île. Elle s'y était rendue tous les jours, elle s'y était assise et elle avait commandé un thé pour le boire en regardant les gens autour d'elle. Elle imaginait leurs vies, leurs moments de bonheur et de tristesse. Elle imaginait une dizaine de vie différente par jour et cela la faisait sourire d'une mélancolie nouvelle. Une mélancolie qui lui mettait du paume au coeur. Elle se sentait bien en imaginant ces gens heureux. Ces gens qui ne la connaitront jamais sans doute. Elle restait invisible à leurs yeux. Toujours. Mais ce matin elle n'était pas allée dans ce restaurant, elle avait eu envie de marcher. De ce fait, elle s'était rendue dans le parc de l'île dite Isabella. Elle y marchant, flânant entre les chemins, les arbres et les fleurs. Elle regardait le ciel où dansaient les nuages, et elle chantonnait une comptine que sa mère avait jadis chanté à ses frères le soir avant de s'endormir. Elle l'écoutait alors à travers les murs minces de sa chambre. Elle écoutait le bruit du vent et des oiseaux, et elle se sentait voler, disparaitre dans cette nature sereine et joyeuse. Mais tout à coup un bruit d'aboiement vint la faire sursauter. Elle regarda autour d'elle et sur sa gauche elle vit un énorme chien courir vers elle. Elle le regardait, les yeux écarquillaient, les jambes tremblantes, incapable du moindre mouvement tant la peur la clouer sur place. Heureusement quelqu'un arrêta le chien à temps.

INCONNU « Couché !! Excusez-moi mademoiselle, vous n'avez rien ?

Demanda cette voix si douce aux oreille d'Echo. Cependant, la jeune fille ne répondit pas et s'enfuit en courant sans demander son reste. Son coeur battait à la chamade, la peur la faisait pleurer, et la joie la rendait fébrile. Quelqu'un lui avait parlée, l'avait vue. Elle souriait et pleurait en même temps. Elle courut pendant quelques minutes, jusqu'à ce que son corps ne puisse plus la soutenir. Elle s'arrêta alors doucement, et trouvant un banc public elle s'y assit. Les mains posaient sur les genoux, le corps tendu à l'extrême, elle tentait de reprendre son souffle sans vraiment y parvenir. Alice, j'ai peur, si peur que les hommes me fassent du mal. Elle ne savait pas parler. Les hommes étaient méchants. Les êtres qui étaient censés l'aimer le plus au monde l'avaient blessée, brisée, meurtrie. Elle ne pouvait pas faire confiance à de vulgaire inconnu. Alors elle préférait pleurer seule. Relevant la tête, elle se rendit alors compte qu'elle se trouvait sur un banc en face de la mer. Elle regarda la beauté du lieu, subjuguée et en perdit l'usage de la parole. Elle ne fit plus aucun bruit et écouta les vagues s'écraser sur les rochers. Elle resta immobile jusqu'à ce que des bruits de pas la fassent sursauter sur sa droite. Elle se leva alors précipitamment et fit face à la jolie demoiselle qui venait à peine d'arriver près du banc.

ECHO « Oh, excusez-moi ! Vous désirez vous assoir. Je vous en pris, je ne voudrais surtout pas vous dérangez je ... je ... Navrée. »

Elle baissa la tête, honteuse, et fit un geste pour repartir.